Jeunes
Les jeunes atteints de TCAF sont surreprésentés dans le système de justice pénale pour les adolescents. Certaines caractéristiques de l’ETCAF les rendent plus vulnérables. Ils peuvent éprouver des problèmes de mémoire et de la difficulté à comprendre des notions abstraites, comme celle du temps, manquer de jugement et présenter des difficultés linguistiques, ce qui les conduit souvent à adopter des comportements de nature à entraîner des problèmes avec la loi, puis avec le système de justice pénale. La difficulté à communiquer risque de poser des problèmes épineux lorsqu’un jeune atteint de TCAF est victime ou témoin d’un acte criminel.
Les personnes atteintes de TCAF alternent souvent entre les rôles de témoin, de victime et d’accusé. Il arrive même qu’elles tiennent les trois rôles à la fois lorsqu’elles ont affaire au système judiciaire. Il est important de se rappeler que les jeunes ayant une déficience de l’ordre de l’ETCAF ont le droit d’être accommodés dans le système de justice pénale, qu’ils soient témoins, victimes ou accusés, et que des mesures de soutien adaptées sont probablement nécessaires.
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Les difficultés connexes à l’ETCAF que voici peuvent compliquer les choses pour les jeunes ayant des démêlés avec la justice :
- Un problème d’attention, y compris la difficulté à se concentrer pendant de longues périodes
- De la difficulté à raisonner en termes de cause et d’effet
- De la difficulté à faire des liens entre les actes et leurs conséquences
- Un comportement beaucoup plus infantile que son âge
- Des problèmes de décodage du langage
- Des difficultés de compréhension
- Des habiletés sociales déficientes
- Des problèmes de mémoire à court terme et de gestion du temps
- Un risque de fabulation (remplir les trous de mémoire avec des détails ou des événements qui ne se sont pas réellement produits)
- Un comportement impulsif
- Une anxiété élevée qui les conduit à faire des crises ou à se renfermer sur eux-mêmes
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Les problèmes de communication font en sorte qu’il est difficile pour un jeune atteint de TCAF de comprendre l’information relative au système de justice pénale et à son cas. Il se peut qu’il ne soit pas en mesure de transmettre les renseignements nécessaires à la police ou à l’avocat, ou qu’il ne comprenne pas les instructions. Il pourrait tenter de cacher sa confusion en parlant beaucoup, ce qui risque d’entraîner des malentendus, du fait que les autres pourraient penser qu’il comprend mieux la réalité que dans les faits. Il peut sembler désinvolte, mais en fait, les subtilités du langage le dépassent probablement. Les expressions idiomatiques ou le sarcasme risquent de créer de la confusion chez lui. Les jeunes atteints de TCAF qui ont affaire au système de justice pénale auront presque tous besoin d’une personne familière avec l’ETCAF pour les aider à communiquer, en raison des problèmes de langage réceptif et expressif.
Le fait qu’un jeune atteint de TCAF présente des difficultés de langage ne signifie pas qu’il ne comprend pas. Toutefois, pour ceux qui tentent de communiquer avec eux, il est important d’être ouverts à d’autres façons de communiquer, par exemple en utilisant des supports visuels, en utilisant un langage simple et concret, en parlant lentement et clairement, en donnant une directive à la fois et établissant un contact visuel. Il peut être judicieux de prévoir un endroit peu éclairé, exempt de toute stimulation sensorielle excessive. Il est important d’écouter attentivement et de faire preuve de patience pour bien comprendre ce que le jeune essaie de dire.
Pour les jeunes atteints de TCAF, les difficultés de langage posent un problème spécialement épineux puisque le système de justice est très verbal. Il y a beaucoup d’instructions, de procédures formelles et de documents à signer. Ces jeunes pourraient accepter tout ce qu’on leur demande. Comme ils se retrouvent souvent dans des situations qui dépassent leur capacité de compréhension, ils peuvent avoir l’habitude de dissimuler leurs sentiments de confusion et de pression. Un jeune atteint de TCAF pourrait consentir et signer sans comprendre, simplement pour pouvoir rentrer chez lui. Il pourrait se confesser sans en mesurer les conséquences. Il se peut qu’il cache sa confusion, ou qu’il ne sache pas exprimer clairement la confusion ou la pression qu’il ressent. Il sera important de lui demander de dire ce qui se passe selon lui, plutôt que s’il comprend la situation.
Lorsqu’on travaille avec une personne atteinte de TCAF, qu’elle soit accusée, victime ou témoin, il est également important de se rappeler que son âge physiologique n’est peut-être pas la même que son âge chronologique. Par exemple, dans une étude menée auprès de personnes qui ont un SAF, l’âge chronologique médian des participants était de 16 ans et 5 mois, alors que leur âge physiologique était de 6 ans et 7 mois.
La fatigue peut également être un facteur majeur. Les adolescents atteints de TCAF se fatiguent rapidement. Ils peuvent avoir des problèmes de traitement sensoriel de nature à entraîner des niveaux de stress élevés en raison des lumières vives et des bruits de la salle d’audience ou de la salle d’interrogatoire. Les jeunes atteints de TCAF consacrent tellement d’énergie mentale à essayer de se concentrer et de prêter attention qu’ils épuisent rapidement leur énergie cognitive.
Beaucoup d’entre eux ont du mal à contrôler leurs impulsions, ont de faibles aptitudes de communication et s’embrouillent facilement lorsque la pression se fait sentir. Il se peut qu’ils ne comprennent pas ou n’entendent pas entièrement les mises en garde qui leur sont communiquées, qu’ils deviennent « bavards » après leur arrestation et qu’ils disent des choses qui pourraient les incriminer.
De plus, les personnes atteintes de TCAF ont souvent des problèmes de mémoire. Certains chercheurs ont observé que les jeunes atteints de TCAF ont tendance à mentir, d’autres travaux de recherche indiquent plutôt que ce qui se produit en réalité relève d’un comportement adaptatif dont le but est de pallier les lacunes de la mémoire. Comme nous l’avons déjà mentionné, désireuse de plaire aux personnes en position d’autorité, une jeune personne atteinte de TCAF risque de faire de faux aveux pour plaire à la police ou dans l’idée que si elle avoue, elle pourra alors rentrer chez elle. En conséquence, elle dira ce qui, croit-elle, est ce que vous désirez entendre. Elle adaptera ses réponses aux indices qu’elle lit sur le visage de la personne qui l’interroge, de sorte que son histoire variera.
Autres sources de vulnérabilité
Les jeunes atteints de TCAF sont souvent confrontés à des problèmes juridiques et à d’autres types de problèmes qui se chevauchent. Par exemple, ils peuvent avoir de la difficulté à obtenir les soins de santé qui conviennent, l’école de comble pas nécessairement leurs besoins d’apprentissage et ils peuvent présenter un risque supérieur d’être victime d’un acte criminel grave.
Cette situation est aggravée par le fait que les enfants et les adolescents ont en général un sentiment de pouvoir agir peu développé. Dans le cas des jeunes atteints de TCAF, il arrive que l’on se concentre davantage sur leur handicap que sur leurs capacités. Cela peut signifier qu’ils ne seront pas consultés ou entendus sur les questions importantes pour eux.
